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2.1. Les dessins animés, c’est pour les enfants !
Quand on observe l’histoire du cinéma d’animation, on s’aperçoit qu’il s’adressait originellement aux adultes avant de devenir, sous le règne des studios Disney, un genre synonyme de mièvrerie ou de frivolité. Avec l’arrivée sur le grand écran de films d’animation à l’humour irrévérencieux (Shrek), ou résolument obscurs (Innocence), cette image serait-elle en train de changer ?
Parce que l’animation, au contraire du cinéma, peut s’affranchir des contraintes du réel et se pose délibérément comme spectacle fictif (ce privilège tend à disparaître avec l’introduction du cinéma numérique), elle possède une part de magie propre à séduire les enfants. Ceux-ci peuvent développer leur imaginaire hors des limites du savoir imposé par les adultes1. D’autre part, l’animation utilise souvent des éléments qui renvoient aux monde de l’enfance ; dessin, marionnettes, pâte à modeler. Ces éléments pourront d’ailleurs être utilisés par l’enfant pour reproduire ses héros ou inventer ses propres fantaisies. L’animation maintient des liens évidents avec le jeune public. Ce lien a cependant été sur- exploité par certains studios, l’empire Disney en tête. Ces studios ont contribué à véhiculer une image dénaturée et commerciale de l’animation.
Fritz the cat, Akira
On a pu voir que le cinéma d’animation abordait tous les genres ; comédie (Shrek 2, Fourmiz), aventure (Le Monde de Némo, Princesse Monoke), science-fiction (Ghost in the shell, Métropolis), conte (Cendrillon, Kirikou, Shrek1) etc… D’autre part, la représentation du sexe, de la violence, voire de sujets sensibles (comme le nazisme) a investi très tôt le domaine de l’animation _ de façon marginale ou détournée, il est vrai. On citera comme exemple le loup à la libido survoltée de Tex Avery, ou les débordements érotiques de Fritz the Cat (1972) de Ralph Bakshi. Plus récemment, on peut évoquer les productions nippones Akira (1988) et la saga des Ghost in the Shell (1995 ; 2004) qui dépeignent avec un luxe de détails des situations sanglantes. Dans le domaine des animes, des sous-genres comme le hentaï et le yaoï exploitent la veine pornographique (hétérosexuelle, homosexuelle) et s’adressent résolument à un public averti. On peut donc affirmer que l’animation possède, à priori, toutes les cartes en main pour séduire un public adulte et hétérogène.
Quand on observe son histoire, on constate de fait que le cinéma d’animation s’était d’abord adressé à un public adulte, amateur de trouvailles visuelles et techniques. Le format du film joue un rôle non négligeable dans le type de public visé. Le court métrage se présente comme un support privilégié pour les cinéphiles avides de nouveautés : n’étant pas soumis à des impératifs commerciaux, leurs auteurs bénéficient d’une grande marge de liberté dans leur réalisation et peuvent y livrer des univers qui s’écartent des standards américains.
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