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2.1. Les dessins animés, c’est pour les enfants !
Les studios hollywoodiens, malgré une concurrence venant de tous les horizons, continuent de dominer la production mondiale de films grâce à des capitaux pharaoniques et à un mode de production industriel. Il en va de même pour l'animation. Trois studios américains se taillent la part du lion dans le marché actuel, et seul le studio nippon Ghibli peut menacer leur hégémonie. Disney, l'ancien géant de l'animation, s'est fait distancer au cours des années 90 par deux rivaux : Pixar et Dreamworks.
Disney a symbolisé un cinéma d'animation industriel reposant sur un mode de production capitaliste et son modèle a inspiré les autres studios. Pixar, fondé en 1989, (Toy Story, 1001 pattes, Le monde de Némo etc…) résulte de l'association entre Steve Jobs, le patron de Apple et John Lasseter, un ancien de Disney. Le fait que Steve Jobs ai racheté la Lucas Computer Graphics Division, département consacré à la recherche et au développement des nouvelles technologies1, a sûrement orienté la stratégie du nouveau studio, qui s'est concentré exclusivement sur la production de films animés 3D. Chaque année, la compagnie dépose des brevets pour de nouveaux logiciels. Cette stratégie s’avère payante car Pixar récolte en moyenne 2,5 milliards de dollars par film. Employant un millier de salariés, le studio est passé d’un film tous les trois ans à un film par an. La société a récemment fusionné avec Disney, en 2004.
De gauche à droite : Toy Story, Nemo, et Milles-et-une-pattes des studios Pixar
Dreamworks a connu un parcours plus chaotique. Créé en 1994 par Jeffrey Katzenberg, David Geffen et Steven Spielberg, le studio, à la différence de Pixar et de Disney, englobe plusieurs domaines (cinéma traditionnel, animation, musique, télévision). Malgré une connaissance du secteur, ses dirigeants essuient quelques échecs (avec des films en 2D ; Sindbad, La route d’El Dorado) avant de s’imposer avec des longs métrages 3D (Shrek, Shrek 2, Gangs de requins). Le studio produit actuellement deux films d’animation par an. Pour promouvoir leurs films, Dreamworks (comme Disney dans les années 90) s’appuie sur des célébrités(en charge du doublage des héros), quitte à rogner sur le budget des films. Outre son caractère onéreux, on pourrait se demander si cette stratégie marketing ne nuit pas à la créativité de ce secteur.
Shrek 1 et Gang of Requins
Depuis que Toy Story a inauguré le genre, ces grosses productions reprennent inlassablement le même modèle : animation 3D impeccable, bons sentiments et humour gentillet (signalons néanmoins le travail effectué sur le scénario, pour les meilleurs d’entre eux). La faute sans doute à un cinéma d’animation qui reste avant tout commercial et ne veut pas dérouter son public en s’aventurant hors des sentiers battus. En France, des productions comme Pollux, le manège enchanté et Arthur et les Minimoys se sont visiblement inspirés des standards américains. Le succès des studios Pixar et Dreamworks a incité d'autres studios à suivre leur exemple. On observe ainsi une certaine uniformisation des films en salles, qui pour la plupart, se rapprochent des standards américains. A l’heure où la mondialisation s’accélère, on peut s’inquiéter de l’uniformité qui gagne, au plan esthétique voire idéologique, le cinéma d’animation.
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